03 août 2010

CÔTE DE IVOIRE : Koré Moïse : ''Je m’en vais...''


Préparation des Eléphants basketteurs, situation financière de la fédération, organisation de l’Afrobasket masculin 2011 en Côte d’Ivoire, avant la Coupe du monde de basket-ball en Turquie, le président de la Fédération ivoirienne de basket-ball déballe tout.

Déçu, Koré Moïse annonce son départ de la FIBB après l’Afrobasket 2011. Interview
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L’inter : Président, comment se déroule la préparation de l’équipe nationale en vue de la Coupe du monde de basket-ball en Turquie ?
Koré Moïse : L’équipe est en pleine préparation. On a commencé à Lausanne à l’Université. Je suis allé retrouver l’équipe pour voir exactement comment se passe la préparation. D’abord, c’est un ensemble de tests physiques et d’endurance, puisque la majorité des joueurs ont arrêté la compétition depuis plus de deux mois. Cela permet de voir leur état de forme, de sorte que les entraîneurs puissent adapter leurs séances d’entraînement à l’état de forme des joueurs. C’est ce qui se fait depuis six jours. Ensuite, ils sont remontés à Salle dans le nord de la France. La préparation proprement dite, a commencé à Compiègne d’où ils sont partis ce matin (ndlr : mardi 28 juillet 2010) pour le stage en Espagne et où la préparation va continuer. Ils auront donc une double confrontation avec l’Espagne, championne d’Europe et championne du monde en titre. Après cela, ils continueront à Compiègne leur préparation et de là ils iront participer au Tournoi de Lyon. Vraiment, on est dans une bonne attente de préparation. Maintenant, nous sommes dans la dernière ligne droite, il faut réussir à créer la cohésion et les automatismes qui font toujours la force de l’équipe. Sinon, pour le moment à part l’apport financier qui n’est toujours pas résolu, l’équipe se prépare bien.

Est-ce que l’entraîneur dispose des renforts qu’on attendait après le championnat d’Afrique l’année dernière ?
Nous avons cette année une équipe plus forte que celle qui a disputé le championnat d’Afrique l’année dernière. Et je pense que ce sera l’ossature de celle qui va défendre les couleurs de la nation lors de l’Afrobasket 2011. Lamizana a rejoint l’équipe. Nous avons déniché un autre Ivoirien qui évolue en Argentine et qui a aussi rejoint l’équipe. Donc le secteur où on était le plus défaillant, c’est-à-dire le secteur des grands est désormais renforcé. On a trois grands qui peuvent s’échanger et cela fait déjà un apport pour notre équipe. Maintenant, nous avons gardé la paire arrière avec Amagou et Solo qui ont été les meilleurs arrières de France cette année. Et l’équipe se bonifie aussi sur le côté. On a une équipe globalement plus forte que celle qu’on avait en Libye.

Avez-vous les moyens financiers nécessaires pour faire une bonne préparation ?
Ecoutez, pour le moment l’équipe s’entraîne, cela veut dire qu’on se débrouille pour qu’elle soit championne. On n’a pas été bloqué dans un endroit parce qu’on n’a pas eu de billet d’avion ou parce ce que l’hôtel n’a pas été payé. Pour le moment, la fédération fait ce qu’elle a à faire pour préparer son équipe. Il faut préparer son équipe, bien sûr que ce sera très dur. La fédération essaie de faire ce qu’elle a à faire. Les communications, nous les attendons toujours. Vous savez, nous participons cette année, à plusieurs compétitions à la fois. On est en train de préparer la Coupe du monde, il y a les jeunes de 18 ans qui ont fait leur qualification au Libéria, qui sont en train de s’apprêter et les filles partent, je crois bien demain (ndlr : aujourd’hui mercredi 29 juillet 2010), pour l’Egypte. Il y a une autre équipe nationale senior qui est en préparation pour les éliminatoires des Jeux africains à Lomé. Et les U18 hommes qui sont en train de se préparer aussi actuellement pour nous représenter au Rwanda en septembre. Je veux dire globalement, qu’on a quatre équipes nationales qui sont en préparation. Pour le moment, on tient le bout sans l’aide de qui que ce soit.

Quel est votre souci majeur ?
Ecoutez, moi je vais parce que j’ai pris l’engagement d’être le président de la fédération de basket. Donc, je fais ce que je peux pour mon équipe. Maintenant si derrière, ça ne répond pas sur des communications et des motivations de joueurs, si on perd, on aura perdu. Et on ne viendra pas me dire quoi que ce soit. Moi à mon niveau, j’aurai fait le maximum. Quand vous faites une proposition de communication pour mettre les joueurs dans les conditions optimales, et que ceux qui doivent transmettre la communication, ils vont faire d’autres propositions... Moi je me retrouve avec des joueurs à qui on donne pendant la compétition 50 mille francs par jour, et pour le Championnat du monde, la compétition la plus grande, on réduit cette somme à 40 mille FCFA. Mais dans ces conditions, quelle est la motivation que vous recherchez chez ces gens ? Je leur ai posé la question de savoir si en équipe nationale de football, s’ils ont donné 40 mille francs par jour à Didier Drogba.

Combien avez-vous dépensé à ce jour ?
Pour le moment, je suis autour de 60 millions, mais je ne prends pas en compte les préparations internes et autres et aussi les déplacements au Libéria pour la qualification des U18. C’est la fédération qui a pris tout en charge. On doit nous payer des arriérés d’environ 25 mille dollars (plus de 12 millions de FCFA). On va privilégier la préparation sinon on ne participera pas à la Coupe du monde.

Ou en êtes-vous avec le problème de la communication ?
Nous avons déposé notre proposition au ministère des Sports qui dit avoir confiée au ministère des Finances. Donc ça se passe entre deux ministères. Je veux dire que normalement, ce n’est pas à nous en tant que fédération de poursuivre une communication entre les ministères. Celui qui est mis sur la communication en conseil des ministres, c’est le ministère des Sports. Donc ce sont les agents du ministère des Sports qui sont censés suivre l’évolution de la communication. Je suis très souvent en relation avec le ministre des Sports qui relance chaque fois la communication. A ce niveau, ce sont les agents qui ne suivent pas leur communication pour nous dire où on en est. Souvent, on est obligé nous-mêmes de rentrer au ministère des Finances pour essayer poursuivre nos communications. Alors qu’il y a des gens qui sont payés pour le faire. Ce n’est pas notre travail. Donc je veux dire que moi, depuis que je joue au basket, on rencontre toujours les mêmes problèmes et ils sont récurrents. Partout, on se plaint et c’est toujours les histoires de communication. Il va falloir qu’on trouve une solution à ce problème. Je crois qu’il y a des choses qu’il faut régler. Quand on est à Abidjan, on peut s’amuser, mais une fois à l’extérieur, ce n’est plus pareil. Quand on est à l’étranger, on ne peut pas négocier comme cela se fait à Abidjan, où on a un parent chez qui on peut aller manger. Il y a des situations qui se posent et il faut les régler. Je veux dire que cette manière de gérer nos compétitions, il faut y mettre fin. Sinon moi, je vous dis clairement qu’au terme du championnat d’Afrique des nations en 2011, je rends le tablier. Je m’en vais. Je ne suis pas candidat pour un deuxième mandat. On nous demande des résultats, une fois ces résultats sont là, on dirait qu’on a mal fait de les avoir. Donc, il faut qu’on nous détermine clairement les objectifs qu’on veut atteindre. Mais tant que cela n’est pas le cas, tant qu’il n’y a pas de politique claire dans ce domaine, on va toujours souffrir, courir dans tous les sens, avoir des crises de nerf, faire des dérapages dans les journaux. Moi je suis fatigué de tout ça. Physiquement j’ai pris le coup. A force de courir, j’ai eu cette année ce que je n’ai jamais eu : une paralysie faciale. Je dis ça suffit. Si on ne peut pas avoir les moyens pour développer une politique, ça ne sert à rien de courir.

Le championnat d’Afrique, c’est l’un des gros challenges de la fédération, où en êtes-vous au niveau de l’organisation ?
Le championnat d’Afrique, au niveau du déroulement, le processus est en train de se mettre en place. On a d’abord eu la phase d’acquisition de la candidature. Une communication des ministères des Sports, des Finances et de la Construction a été signée en conseil des ministres. Il nous donne l’autorisation d’organiser cette compétition, avec son financement. Pour le moment, les communications sont signées, les autorisations gouvernementales sont données. Nous avons pris les contacts pour l’acquisition du site. Actuellement, si vous vous y rendez, vous trouverez des géomètres en train de faire des topographies pour déterminer exactement tous les endroits, les terrassements qui devront être faits pour rendre le site viable. Au niveau du ministère des Sports, le ministre Mel Eg Theodore, en Allemagne, tout ce qui est utile est en train d’être mis dans les conteneurs. Cette année les sous-traitants ivoiriens ont donné l’assurance que fin décembre, ils livreraient tout. L’un dans l’autre, cela va prendre trois mois pour le montage de toute l’architecture. Et nous aurons la salle pour commencer la compétition.

Quels sont les délais fixés pour la fin des travaux ?
Nous nous sommes donnés un délai deux mois avant la compétition pour tout finaliser. Après la Coupe du monde, il y aura une équipe de FIBA sur le chantier. Mais le chantier sera suffisamment avancé. On a eu une réunion avec le président de FIBA à Bamako, donc les travaux vont commencer très bientôt.


Interview réalisée par Alphonse CAMARA et Doh OUATTARA
source : http://www.linter-ci.com/